TRAN VAN BA
1945 - 1985
Né au Sud Vietnam, à Sadec le 14 mai 1945, Tran Van Ba est issu d’une famille profondément engagée dans le combat pour l’indépendance et la modernisation du Vietnam.Elle en a payé un très lourd tribut. Son grand-oncle maternel, Bui Quang Chieu, premier ingénieur agronome vietnamien formé à Paris, fondateur du Parti Constitutionaliste du Vietnam en 1919, a été assassiné, avec ses 4 fils et sa fille cadette en 1945 par les communistes.
Trois éléments concourent à la formation de la personnalité de Tran Van Ba :
De là viennent sans doute son amour pour le peuple, son attachement à la terre vietnamienne, son sens de l’amitié, son ouverture aux idées de progrès et de liberté et son intérêt passionné pour l’histoire moderne du Vietnam. Un engagement d’homme libre et responsable.
Arrivé en France en janvier 1967, au lendemain de l’assassinat de son père, Tran Van Ba milite immédiatement et avec constance pour la défense d’un Sud Vietnam libre et démocratique, tout en poursuivant ses études d’économie à Nanterre où il obtiendra un poste d’assistant. Au milieu des manifestations anti-américaines et anti-sud-vietnamiennes des années 1967 à 1975, il assume sereinement mais avec détermination ses conditions de Vietnamien du Sud luttant contre l’entreprise de communisation de son pays.
« Nous sommes toujours vivants,
Il observe avec déchirement la mécanique meurtrière qui broie la société Sud-Vietnamienne après sa communisation en avril 1975 : exécutions sommaires, déportation de masse dans les camps dits de « rééducation » et dans les « nouvelles zones économiques », répressions intellectuelles et religieuses, expansionnisme militaire au Cambodge et au Laos, exode massif et sanglant des boat people.
Tran Van Ba quitte la France le 6 juin 1980 pour poursuivre le combat pour la liberté de son peuple au cœur même du Vietnam communiste. Il est capturé le 9 septembre 1984 dans l’extrême sud du pays, par les forces de sécurité dirigées par le commandant Nguyen Tan Dung, devenu aujourd’hui Premier Ministre du Vietnam. Le tribunal populaire de Ho Chi Minh ville le condamne à mort pour "haute trahison et atteinte à la sécurité de l’Etat".
En dépit des interventions et des appels pressants de très nombreuses personnalités françaises pour demander sa grâce, notamment de Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Raymond Barre, Pierre Messmer, Simone Veil, Louis Mermaz, Laurent Fabius…et aussi de Jean-François Revel, Olivier Todd, Jean d’Ormesson, Jean-Denis Bredin, Jorge Semprun, André Glucksmann, Tran Van Ba a été exécuté le 8 janvier 1985 dans une banlieue de Saigon. Il allait avoir 40 ans. Depuis son exécution, Tran Van Ba est célébré, clandestinement au Vietnam, mais publiquement et avec constance dans la communauté vietnamienne de l’étranger, tout particulièrement dans celle de Paris, comme le symbole de la résistance contre le régime de tyrannie et d’oppression qui s’est installé sur l’ensemble du pays, après la chute de Saigon le 30 avril 1975. Il est aussi honoré dans certains pays comme une figure exemplaire de la lutte pour la liberté humaine. C’est ainsi que la ville de Liège, en Belgique, a décidé de faire apposer sur la voie publique deux plaques honorant sa mémoire, en 1988 et en 2000 respectivement. Aux Etats-Unis, une rue porte son nom dans l’Etat de Virginie et la médaille de la liberté Truman-Reagan, pour l’année 2007, lui a été décernée, à titre posthume, à Washington le 15 novembre dernier. Cette distinction a été attribuée, pour les années précédentes, à d’éminentes personnalités parmi lesquelles le Pape Jean-Paul II, les présidents Vaclav Havel, Lech Walesa, et Elena Bonner. |
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Déclaration de Tran Van Ba à Paris en Février 1980 : "Le pays est placé sous la coupe d’un régime sanguinaire qui confisque tous les droits des citoyens et les pousse à fuir par milliers en acceptant d’affronter les pires dangers. |